Gentilshommes démocrates : le vicomte de Noailles, les deux La Rochefoucauld, Clermont-Tonnerre, le comte de Castellane, le comte de Virieu

LE COMTE DE CASTELLANE 214

lace a empêché le roi d'aller de Paris à Saint-Cloud, il provoque un véritable tumulte de tribune afin d'obtenir que Cazalès, chef avéré du parti aristocratique dont il est l’adversaire, puisse dénoncer l'esclavage auquel le prince est soumis. Par contre, au lendemain de la fuite du roi vers Varennes (1), il prête sans hésiter le serment civique : « Mourir plutôt que de souffrir l’invasion du territoire français par des troupes étrangères! » Pas une fois son sens de la patrie n’est en défaut. Il est l’honnête homme de son temps ou plutôt de notre temps; en tête de ses états - de député il pourra sans crainte inscrire ces mots : Franceet Liberté.

J'ajoute que de son attitude le comte de Castellane ne retira pas le plus minime avantage. En 1796, il fera apprendre le dessin linéaire à son fils, le futur maréchal de France, « pour vivre d'une ressource honorable » si, écrit sa femme, «les événements révolutionnaires détruisent le peu de fortune qu'ils nous ont laissé (2). » On ne s'enrichit pas au métier de libéral; seule la conscience y trouve des avantages.

L'esprit, füt-ce au milieu des plus graves événements, ne perd jamais ses droits en France. C'est la maladie de notre tempérament, c'est aussi son charme. Le 11 janvier 1791, le bailli de Virieu écrit au gouvenement de Parme :

(1) Séance du 21 juin 1791. (2) L'éducation du maréchal de Castellane. Notes écrites par sa mère, p. 57. Pau, librairie Léon Ribaut.