Gentilshommes démocrates : le vicomte de Noailles, les deux La Rochefoucauld, Clermont-Tonnerre, le comte de Castellane, le comte de Virieu

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les improuver…(Murmures.) On a beau m’interrompre par des murmures ; il y a de l'énergie à résister à l'opinion publique qui n’est jamais plus énergique que quand elle demande vengeance (L).» Les conspirateurs ou les ambitieux ne parlent pas ce langage.

Le 28 février 1791, l'émigration bat son plein. L'Assemblée, qui a proclamé droit de l’'hommela liberté d'aller et de venir, fera-t-elle un décret qui contraigne les citoyens àrésider sur le sol français ? L’exaspération est telle au camp des députés patriotes que beaucoup

d’entre eux sont prêts à se déjuger. Le Chapelier (2),

un libéral pourtant et un modéré, s’y résigne: « Mais vous êtes prévenus, dit-il à ses collègues, que pareil décret est hors des principes et que c’est une véritable dictature (3). » Le comte de Castellane est plus scrupuleux; il ne sacrifie pas si facilement la liberté. « Ce qui détruira les émigrations, dit-il, ce qui fixera en France les Français et les étrangers, Ce sera le rétablissement de l’ordre: (On applaudit.) Ce sera la jouissance de la liberté et l’assurance d’une protection efficace àtous ceux qui ne troubleront pas l’ordre public; voilà la loi que réclame de vous l'intérêt général (4) ».

Le comte de Castellane défendit la liberté partout, quelle que fùt la main qui en portàt le drapeau. Le 18 mars 1791, le lendemain du jour où la popu-

(1) Séance du 98 juillet 1790.

(2) Le Chapelier, député de Rennes et un des meilleurs orateurs de l'Assemblée nationale, arrêté pendant la Terreur et condamné à mort.

(3) Séance du 28 février 1791.

L (4) lbid.