Gentilshommes démocrates : le vicomte de Noailles, les deux La Rochefoucauld, Clermont-Tonnerre, le comte de Castellane, le comte de Virieu

LE COMTE DE CASTELLANE 213

avoir joué durant tout une séance au « tonton » avec Gambetta. Quand le «tonton » tombait sur le numéro 6, il était entendu que le retour de la monarchie était proche; quand il tombait sur le numéro 1, la République avait l'avenir pour elle. Le «tonton » s’arrêtait invariablement sur le numéro 1.

Et voilà certes des jeux de parlementaires fort innocents! Il est à remarquer pourtant qu’ils n’ont jamais pour objectif que des causes redoutables, et pour agents que des hommes convaincus et passionnés!

III

L'Assemblée nationale une fois dissoute, le comte de Castellane demeura, et c’est son honneur, l’ami du peuple et le constitutionnel qu'il avaitété. Assermenté à une constitution dont l’article premier proclamait la monarchie, il était incapable de trahir son serment. Louis XVI, qui le savait un libéral et non un révolté, le nomma maréchal de camp le 20 mars 1792. Le 10 août suivant, le gentilhomme envoyait sa démission à Servan , ministre de la guerre du gouvernement insurrectionnel (1). — « La désertion inévilable des officiers supérieurs, se demandait le soir même de ce jour un Girondin, ne jettera-t-elle point le désordre dans nos armées (2) ? » Elle était inévitable en effet,

(1) Le premier soin de l'Assemblée législative après «la suspension » de Louis XVI comme roi des Français fut de nommer un ministère républicain. Roland, Clavière, Servan, Danton, Monge et Lebrun furent élus par appel nominal.

(2) Lettre de Guadet à un ami citée parJ. Guadet (Les Gir ondins). Librairie Didier, 1889.