Gentilshommes démocrates : le vicomte de Noailles, les deux La Rochefoucauld, Clermont-Tonnerre, le comte de Castellane, le comte de Virieu

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cette soi-disant désertion. Les officiers, ceux surtout qui avaient participé à l’œuvre de 1791, n'avaient plus le choix qu'entre le parjure ou la retraite. Mais tandis que certains, comme Biron (1), trahirent tout serupule, ou que d’autres, comme Bouillé (2), firent litière de leur «nationalisme » en appelant l'étranger sur le sol français, quelques-uns demeurèrent dans la retraite, enfermés dans leur passé, ne se croyant pas tenus de renier la liberté parce que celle-ci leur était infidèle.

Le comte de Castellane fut de ces persévérants. Ne cherchant ni excuses, ni abri, se fiant au bon sens des paysans parmi lesquels il avait vécu sa jeunesse, il se mit sous leur sauvegarde, avec sa femme et son fils, au château d’Accosta, dans le département de Seine-et-Oise. Pendant toute la période révolutionnaire et jusqu’au Consulat il y demeura tranquille. Robespierre pourtant ne l’oublia point. Aux derniers jours de la Terreur, un beau matin, il le fit appréhender sournoisement et jeter à la Conciergerie. C'était la veille du 9 thermidor, l’ancien constituant échappa à l’échafaud.

Un manuscrit récemment publié par la Société des bibliophiles du Béarn, intitulé: « Notes sur l’éducation de mes enfants, » par la comtesse de Castellane, jette

(4) Biron (député du Quercy) servit la République en Gorse, en Savoie, puis en Vendée:

(2) Bouillé, après l'arrestation du roi à Varennes, se réfugia à Coblentz, fit des démarches auprès de la Suède et de la Russie pour arriver à la délivrance de Louis XVI, puis il servit dans l’armée de Condé et dans celle du duc d’York, en 1793.