Gentilshommes démocrates : le vicomte de Noailles, les deux La Rochefoucauld, Clermont-Tonnerre, le comte de Castellane, le comte de Virieu

LE COMTE DE CASTELLANE 247

l'envoyer prendre des instructions chez notre curé d’Aubergenville (1). »

Gela s'appelle pousser très loin l'amour du libre arbitre ; trop loin! car rien ne le limitait et rien est en vérité trop peu. L'enfance a besoin de protections : si cet âge est ordinairement innocent, il est faible toujours ; incultes, les âmes se désséchent et périssent.

C'est dans cette solitude conjugale d’Accosta, loin des coups de tonnerre de la politique, qu'apparaît le caractère d’un libéralisme trop large peut-être, mais Charmant du comte de Castellane ; être rare qui ne chercha jamais à imposer aux autres que le goût et la possibilité d'être libres. Mme de Castellane se plaint de ce respect exagéré du choix qui, lorsqu'il s’agit de son fils, va jusqu’à la faiblesse. « Bientôt, écrit-elle, son père lui montrera la grammaire soit française, soit latine; malheureusement, il est tourinenté de la crainte de chagriner l’enfant (2). » Trois ans plus tard, elle ajoute : « Il est sûr qu'un gouverneur serait fort utile ; mais il est impossible d'obtenir de son père que Boni en ait un (3). » Et ce père si aimant ne supporte pas l’idée que son fils soit contrarié : « Il lui donne trop d'argent et habituellement lui fait trop de présents ; l'enfant est embarrassé de ce qu’il peut désirer, tant on va au-deyant de ses fantaisies (4). » « J'aitoujours à gronder, s’écrie la mère effrayée; mais il faudrait punir si souvent, et cela est si pénible en soi et

(1) L'éducation du maréchal de Castellane p. 52.

(2) Ibid., p. 52.

(3) Ibid., p. 57. (4) Ibid, p. 68.