Gouverneur Morris : un témoin américain de la Révolution française

Lo GOUVERNEUR MORRIS

certainement les plus intelligents doivent être convaincus que les vertus républicaines ne croissent pas sur le sol de la Gaule LD

La facilité avec laquelle les anciens Conventionnels devinrent en grand nombre les serviteurs du premier Consul, puis de l'Empereur paraît donner raison à Morris, quant à cette dernière observation. Si l’on se reporte cependant à la date à laquelle elle fut écrite, je ne la crois pas exacte. Nous retrouverons cette question plus loin.

Le 23 août 1795 Morris écrit encore à Washington : « Le parti des royalistes est en grande force, et, s'ils connaissaient leurnombre dans la France entière (ce qu'il leur est très difficile ou à peu près impossible ‘par suile des mesures prises pour empêcher la communication des opinions) ils auraient vite renversé le pouvoir existant... Même en supposant qu ‘ils adoptent une bonne Constiistion ce qui parait invraisemblable, à mon avis ils ne seront pas à leur aise sous elle, car ils ne n'ont jamais paru avoir l'éducation nécessaire ni le tempérament voulu pour un gouvernement libre. Je continue à être pee qu'ils tomberont sous la domination d’un despote unique ?. »

Morris, nous l'avons dit, apportait d'Amérique ses idées sur le tempérament irrémédiablement monarchique des Français; mais elles se confirmèrent en France, dans le milieu où il vécut jusqu'au 10 août 1792. C'est ce milieu, à la fois mondain et politique, qu'il faut étudier maintenant.

IV

Lorsqu'il vint en France, ce qui l'y attirait, outre ses intérêts commerciaux et financiers, c'était le désir de voir la société la plus raflinée et la plus polie qui fût alors dans le monde entier. Il arrivait muni de nombreuses lettres de recommandation, dont beaucoup lui avaient été données par Washington. Il connaissait les Français distingués qui, avec

1 T° IT, pe 42. — 24 Te IL, p. 116.