Histoire de la liberté de conscience : depuis l'édit de Nantes jusqu'à juillet 1870

190 LA LIBERTÉ DE CONSCIENCE EN FRANCE

croisade des Albigeois. Les protestants, effrayés, fermèrent leurs temples et s’armèrent. Le général Lagarde ayant voulu présider, par ordre du Roï, à la réouverture du temple de Nimes fut tué par un sergent de la garde nationale (11 novembre) et le duc d'Angoulême réduit à proclamer l'état de siège dans cette ville. Rappelons à cette occasion le courage civique de Madier de Montjau, conseiller à la cour de Nîmes et catholique, qui intervient en faveur des protestants. Deux affaires concernant l’une les Israélites, l’autre les protestants, témoignèrent au cours de l’année 1818 de la force du courant de la réaction catholique intolérante.

La Chambre des députés avait reçu les vœux des conseils généraux du Haut et du Bas-Rhin, ainsi qu'une pétition tendant à proroger le délai de 10 ans, fixé par le décret de 1808 pour surseoir à l'exécution des jugements rendus en faveur des créanciers juifs contre les cultivateurs de ces départements et réclamant des mesures sévères contre les juifs d'Alsace. Le marquis de Lastier, rapporteur de la commission chargée d'examiner la pétition et les vœux, proposa « sans rien préjuger sur la question », le renvoi aux ministres de la justice et de l’intérieur. — M. Chauvelin, député, fit observer que « cette requête de la plus grande partie de la population contre le plus petit nombre, était peu conforme aux principes et à l'esprit de la Charte », et demanda qu’on passât à l’ordre du jour. — Après des observations de M. Mac-Carthy, député de la Drôme, la Chambre rejeta l'ordre du jour proposé et adopta les conclusions du rapporteur (séance du 26 février 1818).

L'autre affaire s'était passée dans le département de Vaucluse. Un protestant de Lourmarin, M. Roman, avait refusé de décorer sa maison sur le passage de la procession de la Fête-Dieu, et s'était vu condamner par le tribunal de simple police de Cadenet à une forte amende. Il se pourvut à la cour de cassation qui cassa le jugement (20 novembre 1818). Les plaignants le poursuivirent de nouveau