Histoire de la liberté de conscience : depuis l'édit de Nantes jusqu'à juillet 1870

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de leurs tendances anti-catholiques, acquitta ces deux journaux par un arrêté (3 décembre 1825). En voici les motifs: « considérant que ce n’est ni manquer au respect, ni abuser « de la liberté de la presse que de discuter l'introduction dans « le royaume de toute association non autorisée par la loi, « que de signaler soit des actes notoires qui offensent la reli« gion et même les mœurs, soit les dangers et les excès non « moins certains d’une doctrine, qui menaceraient tout à la « fois l'indépendance de la morale, la souveraineté du Roi « et les libertés publiques, garanties par la Charte constitu« tionnelle et par la Déclaration du clergé de France en 168», « qui à toujours été reconnue par la loi de l'État »… I faut joindre ici l'extrait d'un arrêt rendu par la Cour royale de Rennes (1* août 1828) dans une affaire de réunion religieuse: « La liberté, y disait-on, ne peut s'entendre de la « simple pensée d’un dogme renfermé dans le cœur de celui « qui l’adopte et qui, par là même, échappant à toute inves« tigation humaine, n'aurait pu être l'objet d’une loi prohibi« live ou permissive. Professer une religion, c’est la pratiquer « en faisant les actes qui constituent l’essence d’un culte. »

Les tribunaux s'étaient montrés plus sévères pour deux écrivains, qui avaient aussi mis leur plume ou leur lyre au service de la cause de la liberté de conscience ; mais qui, en attaquant les actes du parti prêtre ou les intrigues de la Congrégation avec l'arme du ridicule, avaient paru attaquer la religion même : Paul-Louis Courier et Béranger. Le premier, helléniste de valeur, avait encore gardé une certaine mesure, comme on en peut juger par les extraits suivants de ses pamphlets : « Ge n’est pas, comme on sait, d'aujourd'hui que les « ministres de l’Église ont eu la pensée de s'aider du bras « séculier, dans la conversion des pécheurs, où les apôtres « n’employaient que l’exemple et la parole, selon le précepte « du Maître: — « Allez et instruisez toutes les nations. » € Mais il n'avait pas dit: Allez avec des gendarmes et ins« truisez de par.le préfet. Et depuis, l’ange de l’école, saint « Thomas, déclara nettement qu'on ne doit pas contraindre