Histoire de la liberté de conscience : depuis l'édit de Nantes jusqu'à juillet 1870

142 LA LIBERTÉ DE CONSCIENCE EN FRANCE

« à bien faire. Voilà d'où vient l'indifférence qu’à bon droit « nous reproche l'abbé de La Mennais en matière de reli« gion'. » Mais, dans sa Gazette du Village, il mélait à ces critiques sérieuses des anecdotes sur les mœurs du clergé ou des dévotes, qui déshonoraient sa polémique en la faisant descendre au niveau de la chronique scandaleuse.

C'était aussi le grand tort de Béranger. Le chansonnier était dans son droit, quand il faisait à sa manière la critique du concordat de 1817 ou la satire du zèle amer des moines qui prèchaient les missions en province et surtout quand il flagellait la violence homicide prenant le masque de la dévotion*. Mais il dépassait les bornes de la discussion légitime des questions religieuses, en s’attaquant aux cérémonies mêmes du culte et aux fêtes de l'Église catholique, car enfin, pour quelques faux dévots qui étaient atteints, il y avait des centaines et des milliers de simples croyants qui étaient offensés et troublés dans leur bonne foi et dans les exercices de piété qui leur étaient sacrés’. Deux de ses chansons touchent de près à notre sujet. On nous pardonnera de citer une strophe de la « Chanson des Missionnaires » :

« L’Intolérance, front levé

« Reprendra son allure,

« Les Protestants n’ont point trouvé « D'onguents pour la brûlure.

« Les philosophes aussi

« Déjà sentent le roussi! »

Le parti de la liberté de conscience, sûr de sa force et de sa popularité, allait saisir toutes les occasions de protester contre les agissements de la congrégation et de manifester ses sympathies pour les champions de la cause libérale.

La première fut fournie par les obsèques du général Foy. Cet oflicier, après avoir fait avec éclat les campagnes de

1. V. Pétition à la Chambre des Députés pour les villageois qu'on empêche de danser (1810), p. 315, et Gazette du village.

2. V.les « Chantres de paroisse » ou le « Concordat (septembre 1817) » et dans l’année 1819 : les Capucins, les Missionnaires, les Révérends Pères.

3. Voir, par exemple : le « Jour des Morts » et «€ la messe du SaintEsprit ».