Histoire de la liberté de conscience : depuis l'édit de Nantes jusqu'à juillet 1870

SOUS LA RESTAURATION 149

le projet fut voté, mais il ne le fut qu'à quelques voix de majorité et sous la pression personnelle de Charles X.

A la chambre des députés, les débats furent aussi très

animés, car on voyait dans la loi la revendication la plus outrée du principe théocratique. La nouvelle loi fut combattue par Benjamin-Constant et surtout par Royer-Collard, au nom même de la religion :

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« La religion en tant que dogme, s'écria Royer-Collard, est au-dessus et par conséquent en dehors des lois civiles. C’est la rabaisser et la dénaturer que de la faire entrer dans un code. Le projet est fondé sur un principe impie et sanguinaire, évoqué des ténèbres du moyen âge, des monuments barbares de la persécution. Comme la religion n’est pas de ce monde, la loi humaine n’est pas du monde invisible. Les gouvernements sont-ils les successeurs des apôtres? [ls n’ont pas reçu d'en haut la mission de déclarer ce qui est vrai en matière de religion et ce qui ne l’est pas.

« Dira-t-on que ce n’est pas là ce que fait le projet de loi? — Je réponds que c’est là précisément ce qu'il fait, puisque le dogme de la présence réelle est le titre du sacrilège… J’attaque la confusion non l'alliance des deux pouvoirs (temporel et spirituel). Cette alliance ne saurait comprendre de la religion que son culte extérieur et la condition sociale de ses ministres. — La vérité n'y entre pas ! elle ne tombe ni au pouvoir, ni sous la protection des hommes. Si l’on met la religion dans la loi humaine, on nie toute religion. Si l’on met dans la religion la peine capitale, on nie la vie future. La loi proposée, qui fait l’un et l’autre, est donc à la fois athée et matérialiste. Elle ne croit pas à la vie future cette loi qui anticipe l'enfer et qui remplit sur la terre l'office des démons ! ».

En dépit de cette magistrale réfutation, la chambre des

députés se laissa entrainer par les discours de M2" de Frayssinous et de Duplessis-Grénédan. Ce dernier s’éleva contre la

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