Histoire de la liberté de conscience : depuis l'édit de Nantes jusqu'à juillet 1870

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tanisme et le parti des curés, comme étant les quatre plaies du royaume, et réclama le maintien des Quatre articles de 1682.

C’est à cette attaque que Lamennais répondit dans la seconde partie de sa Aeligion considérée dans ses rapports avec l'ordre civil et politique (1825). Il y traitait de schismatiques les adhérents à la Déclaration de 1682, soutenait que l'autorité des rois était subordonnée à celle du Pape et accusait le gouvernement d’une coupable indulgence à l'égard des ennemis de l’Église. L'attaque était si violente et si peu justifiée que le ministre crut devoir poursuivre Lamennais devant les tribunaux, qui le condamnèrent à 30 francs d'amende, tandis que, par compensation, il retirait à Montlosier sa pension sur le Trésor royal.

Cependant, l'opposition anti-cléricale, dont ce dernier avait pris l'initiative, recrutait des adhérents de plus en plus nombreux. Mentionnons Kératry, gentilhomme breton qui, dans une brochure, publiée en 1825 sous ce titre : Du culte en général et de son état particulier en France réfutait les théories ultramontaines de Lamennais, et défendait contre lui la liberté des cultes. Il accusait la Congrégation d’avoir fait de la religion une « manivelle électorale où un supplément tonsuré de la gendarmerie » et allait jusqu'à préconiser une réforme dans le culte catholique et une réunion du catholicisme avec le « rameau vivace du protestantisme ».

Cependant, il se forma, dans les rangs de la droite, À la chambre des députés, un parti appelé dédaigneusement par ses adversaires « les défectionnaires ». Ce parti se prononçait hautement contre les agissements de cette puissance occulte: Le chef de ce groupe, F. M. Agier, un ancien magistrat connu pour son zèle royaliste, déclara un jour que la France avait bien pu « supporter le despotisme militaire ; mais qu'elle ne pouvait tolérer celui de l'hypocrisie » (séance du 15 mai 1826). Et, au moment de la discussion du budget, il invita le ministre des cultes à s'expliquer sur l’existence de la Congrégation et des Jésuites. ’