Histoire de la liberté de conscience : depuis l'édit de Nantes jusqu'à juillet 1870

148 LA LIBERTÉ DE CONSCIENCE EN FRANCE

Le ministre des cultes, M# Frayssinous, évêque d'Hermopolis, après avoir fait une profession de foi gallicane, reconnut l'existence de la Congrégation, ainsi que celle de plusieurs autres associations, par exemple la Propagation de la foi, la Société des Missions mais il assura qu'elles n'avaient pour but que des exercices de piété ou de propagande religieuse et, qu'à sa connaissance, elles n'avaient fait que du bien. Partant de la doctrine des Quatre articles de 168, il demanda : « par qui elle avait été attaquée? — par l'abbé de « Lamennais. Il avait eu tort de la critiquer sans mesure « et on l'avait poursuivi ». Quant à l'ordre des Jésuites, le ministre des cultes avoua qu'il avait reparu en France, mais qu'il y était seulement toléré, non reconnu. — D'ailleurs, « c’élaient de bons chrétiens, d'excellents éducateurs », ils n'avaient que sept écoles secondaires soumises au contrôle des évêques. Ils ne pouvaient donc inspirer aucune inquiétude.

Ce discours, s’il n’était pas habile au point de vue politique, avail du moins le mérite de la franchise. Casimir Périer et Royer-Collard prirent acte des aveux que venait de faire le ministre et réclamèrent, au nom de l’ordre social, des garanties pour l'instruction publique. Le débat sur les Jéate se prolongea à la chambre des pas, où Lainé’et Pasquier rappelèrent que la célèbre société n’av ail jamais causé en France que du trouble et des malheurs ; ils réclamèrent énergiquement qu'on leur appliquât les ordonnances qui les concernaient.

Ces discussions parlementaires eurent un immense retentissement dans tout le pays, qui supportait impatiemment ce joug de la Congrégation. Le comte de Montlosier, enhardi par ce courant d'opinion, fit un pas de plus et adressa à toutes les cours royales sa Dénonciation contre les empiètements du clergé. — C'était un véritable réquisitoire contre les scandales et les excès des missions en province, contre les abus de la Congrégation et l'influence néfaste des Jésuites sur l'enseignement et sur l'Église. — T1 réclamait l'observation stricte des doctrines gallicanes et des lois sur les Jésuites, et prédisait, si l’on n’y mettait bon ordre, des conflits et des