Histoire de la liberté de conscience : depuis l'édit de Nantes jusqu'à juillet 1870

SOUS LA RESTAURATION 193

et les sociétés bibliques ; enfin contre la liberté des peuples, incarnée, disait-il, dans les « carbonari » et les « francsmaçons, ces adversaires maudits de l'Église ». L'archevéque de Paris, à propos du Te Deum chanté à Notre-Dame pour la prise d'Alger, ne craignit pas de comparer les libéraux et gallicans aux « corsaires musulmans » et d'encourager le Roi à les foudroyer.

Cependant, la presse libérale prenait la défense de la Charte ; des associations se formaient partout pour le refus de l'impôt, et la magistrature s’associait à ce mouvement pour le maintien des libertés publiques. Tout cela était de mauvais augure pour la monarchie des Bourbons et annonçait l’imminence du « conflit sanglant » prédit dès juillet 1826 par le comte de Montlosier. On sait le reste: la dissolution de la Chambre (16 mai) et l’insuccès de l’ardente campagne menée par le ministre de l’intérieur, Peyronnet, de concert avec les évêques, pour faire élire une majorité bien pensante; la publication des ordonnances du 26 juillet 1830 et la victoire des citoyens armés pour la défense de la Charte, dans les trois glorieuses journées de juillet.

Ce qu'il faut bien mettre en relief, c'est le rôle important que la question de liberté de conscience joua dans la révolution de 1830. Ce fut surtout la crainte de retomber sous le joug de la Congrégation et des Jésuites, qui souleva la masse des citoyens et c’est pour avoir voulu restaurer un régime théocratique, plus absolu encore que celui de Louis XIV, que Charles X fut renversé de son trône.

Si, parvenu au terme de ce chapitre, nous nous demandons quels furent en somme, sous la Restauration, les profits et les pertes de la liberté des cultes, voici notre réponse :

L'Église catholique, tenue en chartre privée par Napoléon, reprit sous les Bourbons et malgré les Articles organiques sa pleine liberté d'action. Malheureusement, comme si elle doutait de ses propres forces, elle demanda au pouvoir monarchique des ressources temporelles et l'appui du bras séculier. Après avoir été la servante de l’empereur, elle prétendit