Histoire de la liberté de conscience : depuis l'édit de Nantes jusqu'à juillet 1870

194 LA LIBERTÉ DE CONSCIENCE EN FRANCE

asservir la royauté à ses desseins et l'ayant poussée à faire un coup d’État contre la Charte, elle la mena à sa ruine et se discrédita elle-même pour longtemps par ses propres excès. Dans cette funeste tentative de restauration théocratique, qui nous coûta une révolution, le comte de Montlosier, le duc de Broglie, Royer-Cojlard, Kératry furent les défenseurs des vieilles libertés gallicanes.

Quant aux autres confessions, bien qu’elles aient eu à souffrir, dans certains départements, de cette réaction ultra-catholique, elles furent, en principe, protégées par le gouvernement des Bourbons, qui ne craignit pas de confier à Georges Guvier, un protestant, le ministère de l'instruction publique. C'est avec l'autorisation de Louis X VIII que se fondèrent et s’organisèrent les Sociétés bibliques de Paris (1818), des Missions évangéliques (1822) et d'Enseignement primaire parmi les protestants de France (1829), qui contribuèrent tant à l’affermissement et à la vitalité des Églises réformées et luthériennes. Les Israélites, non plus, n’eurent guère à se plaindre. C’est surtout contre l'Université et les philosophes, disciples de Voltaire, que sévirent les adversaires de la liberté de conscience ; mais l'échec du coup d'État de Polignac assurait définitivement la liberté d'opinion. Que dis-je! la rupture de Lamennais, d'abord avec la monarchie, puis avec le Saint-Siège, allait gagner un champion de génie à la cause de la liberté religieuse.