Histoire de la liberté de conscience : depuis l'édit de Nantes jusqu'à juillet 1870

196 LA LIBERTÉ DE CONSCIENCE EN FRANGE

« vement rénovateur de 1789 ; c’est la déclaration itérative

« de l'indépendance de l'esprit humain ; c’est le cri de l’homme

R

« qu'il est libre, de la société, qu’elle est souveraine". » Tous les citoyens étaient animés d'enthousiasme pour la justice, la liberté, le beau dans l’art et la poésie ; les Français se sentaient transportés par amour du bien public audessus des calculs mesquins de légoïsme et aspiraient à tout détruire pour tout renouveler. C’est l’époque du Romantisme et du plus bel épanouissement du régime parlementaire. La vie morale et religieuse ne devait-elle pas participer à ce renouveau de la liberté? Pour en tirer l’augure, interrogeons d’abord le Roi et ses principaux ministres ; voyons quelle fut leur attitude vis-à-vis de la religion, de la conscience ? Louis-Philippe n’était catholique que de nom ; au fond, il était, comme la bourgeoisie libérale du temps, imbu des idées philosophiques du xvi° siècle et plus disciple de Rousseau et de Voltaire que de Rome. IL était tolérant par scepticisme plutôt que par respect des croyances, mais il avait vu de trop près les intrigues funestes du parti-prètre qui avaient rendu Charles X impopulaire, pour ne pas être très méfiant à l'égard du clergé catholique romain. Il savait que M# de Quelen ne lui pardonnait pas d’avoir accepté des mains de la bourgeoisie et du peuple insurgés la couronne tombée de la tête d’un prince légitime et, en fait, jusqu’en 18/0, il n'y eut aucune relation entre le roi des Français et l'archevêque de Paris. Il état d’avis de garder vis-à-vis des questions religieuses une réserve prudente. Cependant, tous les hommes dirigeants de la monarchie de Juillet, Casimir Périer et le duc Victor de Broglie, Thiers et Guizot étaient d'accord pour faire respecter la « liberté des « cultes, comme le droit le plus précieux des consciences « qui l'invoquent » (CG. Périer). Plutôt que de nous adresser au duc de Broglie et à Guizot, qui passaient pour avoir des convictions chrétiennes, nous consulterons, pour carac-

1. Lettres à un Berlinois. Revue des Deux-Mondes, 1°° mai 1832.