Histoire de la liberté de conscience : depuis l'édit de Nantes jusqu'à juillet 1870

SOUS LA MONARCHIE DE JUILLET 179

Lamartine défendit avec éloquence ce projet. Mais la majorité de la Chambre s’inquiétait des suites de cette liberté d'enseignement laissée aux catholiques et craignait que l'instruction publique ne fût livrée aux jésuites. Saint-Marc Girardin, rapporteur, proposa que les petits séminaires fussent soumis aux mêmes conditions légales que les établissements privés d'instruction secondaire. Guizot réussit à faire écarter l’amendement. Mais M. Vatout fit voter cet autre plus grave : « Que tout chef d’un établissement libre fût tenu non seulement « de prêter le serment politique, mais encore de jurer qu'il « n’appartenait à aucune association ou corporation non « autorisée ». Le projet de loi, ainsi amendé, fut voté par la chambre des députés; mais, le cabinet s'étant dissous quelques jours après, la loi ne fut pas envoyée à la chambre des pairs.

Ainsi, en 1837, la Chambre avait trouvé le projet Guizot trop libéral ; en 184r, on assista à la contre-partie, le clergé fit repousser un nouveau projet sur l'instruction secondaire comme trop autoritaire. Il avait été déposé par M. Villemain, alors ministre de l'instruction publique dans le cabinet Guizot, et reproduisait à peu près le projet de 1836-1837; mais il avait ajouté un article IV, par lequel les petits séminaires étaient soumis au droit commun. Cela provoqua la protestation de cinquante-six évêques qui réclamèrent la liberté « comme en « Belgique ». Le président du conseil, effrayé de cette levée de boucliers, retira sans bruit le projet Villemain. C'était l’époque où Victor Cousin, à la Chambre des pairs, et M. Isambert, au Palais-Bourbon, reprochaient au gouvernement de tolérer les empiètements du clergé et de favoriser la renaissance de la domination cléricale (1838-1839).

Cependant MS Affre, nommé archevêque de Paris en 1840, avait repris avec Louis-Philippe les relations qui avaient été interrompues pendant dix ans par l’obstination légitimiste de M£" de Quelen. Le Roi sans être dévot, commençait, sous l'influence de Guizot et de Salvandy, à reconnaître l'influence morale de la religion sur la jeunesse. Il avait approuvé une