Histoire de la liberté de conscience : depuis l'édit de Nantes jusqu'à juillet 1870

SOUS LA MONARCHIE DE JUILLET 199

tration avait à sauvegarder deux intérêts: le repos dont les malades ont besoin et qui serait troublé par des visites multiples et à toute heure et le besoin que la plupart des âmes éprouvent, en ce cas, de recevoir les consolations de leur religion. Or, la présence à demeure d’un aumônier et de religieuses catholiques exposait parfois les malades non-catholiques aux entreprises d'un prosélytisme indiscret. Ainsi, en août 1843, des religieuses garde-malades à l'hôpital de Castres poussèrent l'intolérance jusqu'à refuser au pasteur l'accès de la salle, où étaient deux malades protestants. Le principe et les règles à suivre en pareil cas furent établis par deux circulaires ministérielles. La première de M. le comte Duchâtel, ministre de l'intérieur', faisant droit aux réclamations du président du consistoire réformé de Castres, écrivait au préfet du Tarn : « Les malades protestants, civils ou militaires, ont « droit de réclamer et de recevoir l'assistance de leurs pas« teurs, toutes les fois qu'ils le jugeront convenable. Ge droit « ne résulte pas de tel ou tel article du règlement, mais du « principe même de la liberté des cultes, concédé par la Charte : « de 1830. » M. Barthe, ministre des cultes, avait mis à ces visites deux conditions : qu'on produirait un titre émanant d'une autorité ecclésiastique quelconque et que leur secours spirituel eût été invoqué par le malade *.

D'autre part, pour la liberté de conscience des prisonniers, il faut mentionner avec éloge une circulaire de M. de Gasparin, ministre de l’intérieur, qui prescrivait aux préfets, avant d’incarcérer un condamné à la prison, de s’assurer de sa religion et, s'il n'y avait pas d'aumônier de sa confession dans la prison du département, de le transférer dans une autre, où il püût recevoir les secours d’un ministre de son culte (Circulaire du 6 mai 1839).

La liberté religieuse était donc en progrès dans le domaine des écoles, des hôpitaux et des prisons, grâce à la tolérance

1. Lien, 6 janvier 1844. 2. Le Semeur, 6 mars 18509.