Histoire de la liberté de conscience : depuis l'édit de Nantes jusqu'à juillet 1870

202 LA LIBERTÉ DE CONSCIENCE EN FRANCE

« le refus était, que le comte « n'avait pas voulu donner « devant témoins une rétractation écrite et destinée à la « publicité ».

On put mesurer les progrès de l’ascendant, que le parti catholique avait pris sur le gouvernement de Juillet, à ce qui se passa lors des obsèques de M. Feytaud, à Périgueux (février 1847). Ce dernier, comme Grégoire, était un ancien prêtre constitutionnel; mais, à la différence de celui-ci, il s'élait marié et avait renoncé au sacerdoce. Il était entré dans la magistrature et, par son caractère honorable autant que par son mérite, était arrivé au poste d'avocat général, près la cour royale de cette ville. Il n'avait pas cessé, d’ailleurs, de professer le catholicisme et demanda les sacrements avant de mourir. — Préfet et magistrats demandèrent, à l’évêque, qu’il autorisât le service funèbre dans une église de la ville. L'évêque refusa et, alors, la population exaspérée s'empara de l’église de vive force, y transporta le corps de l’ancien prêtre et on y prononça les dernières prières. L’évêque protesta contre cette violation d'un édifice religieux et, plus faible que le cabinet de 1831, le ministre d'alors, M. Duchâtel, adressa à l'évêque une lettre d’excuses.

Si l’on rapproche cet acte des mesures prises contre les professeurs qui, au Collège de France, avaient défendu la liberté religieuse, des poursuites dirigées contre Lamennais”, des condamnations prononcées pour le fait de réunions religieuses, on peut dire que le règne de Louis-Philippe finissait mal pour la liberté de conscience. Il n'avait tenu qu’en partie les promesses faites par la Charte. Il était réservé à la République de 1848 de couronner l'édifice, laborieusement élevé, de la liberté religieuse et philosophique.

1. Lamennais fut condamné à un an de prison, pour sa brochure intitulée : Le pays et le gouvernement.