Histoire de la liberté de conscience : depuis l'édit de Nantes jusqu'à juillet 1870

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l'Église, plutôt qu'un but réel, la seconde République respecta la liberté de conscience se manifestant, soit par des actes de culte ou de propagande, soit par des écrits de controverse. Les lois, votées sur ces matières par l’Assemblée constituante ou par la Législative, furent animées d’un souffle de tolérance qui n'avait pas eu, même sous Louis-Philippe, une telle intensité. Voici deux témoignages partis de deux camps opposés : « La jeune République, dit le P. Chocarne, eut ce « mérite assez rare de répudièer les peurs injustes des gou« vernements antérieurs vis-à-vis de l’extension des ordres « religieux et de respecter le droit imprescriptible de la cons« cience!. » M. Guizot, bien que peu suspect de sympathie pour le régime républicain, n’hésita pas non plus à le reconnaitre hautement. « Un fait nouveau, disait-il, s'est introduit dans nos « mœurs, c’est la liberté de conscience. Que cette liberté soit « acceptée et respectée de tous les chrétiens, elle assurera « leur union et le triomphe de la foi commune. Supportez« vous les uns les autres, c’est la tolérance?. »

On vit une manifestation bien réjouissante de ce fait nouveau au « Congrès de la paix » qui se tint à Paris du 39 au 24 août 1849 et rassembla: dans la salle Sainte-Cécile les libéraux et les philanthropes les plus illustres des deux mondes. Le 24 août, après un discours dans lequel Victor Hugo, avec son éloquence généreuse, avait flétri intolérance et les guerres de religion, dont ce jour rappelait un des épisodes les plus exécrables, l'abbé Deguerry, curé de la Madeleine, et le pasteur Athanase Coquerel, qui siégeaient sur l’estrade comme vice-présidents, se donnèrent une accolade fraternelle aux applaudissements de l'auditoire enthousiasmé. 1. Vie du P. Lacordaire, t. I, p. 214. 2. Discours à la Société biblique de Paris, 20 avril 1850.