Histoire de la liberté de conscience : depuis l'édit de Nantes jusqu'à juillet 1870

216 LA LIBERTÉ DE CONSCIENCE EN FRANCE

DEUXIÈME PARTIE

LE SECOND EMPIRE. — L'EMPIRE AUTORITAIRE (1852-1860). $ 1. Législation des cultes. — $ 2. L'Eglise catholique romaine. —$ 3. Cultes non catholiques. — $ 4. La liberté de conscience et l’opinion. — $ 5. Liberté d'enseignement. — $ 6. Liberté d'association. —

S 7- Liberté de conscience individuelle.

Telle était la situation des esprits en 1851, quand le coup d’État du 2 décembre vint remettre en question les conquêtes de la liberté de conscience, si chèrement conquises par plus de vingt années de luttes. Le prince Louis Bonaparte, pour parvenir à la présidence, s'était appuyé sur la coalition des anciens parlementaires avec le parti catholique. Suivant des promesses faites à ce dernier, il avait rétabli le Pape sur son trône temporel et fait voter la loi sur la liberté d’enseignement. Devenu empereur et, peu après, marié à une Espagnole, dévote catholique, il continua cette politique de fils aîné de l'Église romaine, qui avait si bien servi ses ambitieux projets. Mais c'était Et un appui fragile.

Plus tard, en effet, lorsque entraîné par son alliance avec le roi de Sardaigne, Napoléon III laissa démembrer les États pontificaux, les évêques français n’hésitèrent pas à combattre la politique impériale et quelques-uns même jetèrent l’anathème au souverain, qu’ils avaient béni naguère. L'empereur très affecté de cette volte-face chercha alors un appui auprès des libres penseurs et essaya, mais un peu tard, de réprimer les empiètements du clergé régulier et séculier sur le pouvoir civil. De là deux phases bien distinctes dans l’histoire de la liberté de conscience sous le deuxième empire. On assiste de décembre 1851 à décembre 1859 à une réaction cléricale et oppressive qui rappelle à certains égards les premières années de la Restauration ; mais en 1860, l'empire revient aux maximes plus libérales, déduites de l'ancien droit francais et des lois de la Révolution.