Histoire de la liberté de conscience : depuis l'édit de Nantes jusqu'à juillet 1870

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Et, parlementaires, se groupèrent autour de Montalembert avec ME Dupanloup, le P. Lacordaire, et cinq ou six évêques ; ceux-ci pensaient que la dictature est toujours mauvaise

vis-à-vis, les catholiques libéraux et les Orléanistes

même pour la religion et restèrent fidèles au principe de liberté des cultes et des écoles, accepté par eux en 1848. Si ce groupe ne se composait pas des gros bataillons de l’Église, il comptait dans ses rangs l'élite du parti catholique MM. Albert de Broglie, de Falloux, de Riancey, de Sacy, et il eut dans la presse pour organes : l’Ami de la religion, l'Union, le Correspondant réorganisé par Montalembert en T0).

L'Académie française, où M. Guizot avait retrouvé un petit monde à gouverner, la Revue des Deux Mondes, le journal des Débats, le salon de M"° de Swetchine devinrent des foyers d'opposition libérale.

Les principes de ces deux groupes de catholiques à l'égard de la liberté de conscience étaient fort différents et furent mis en lumière par deux discussions qui s'élevèrent en octobre 1853, décembre 1855 et janvier 1856 entre l'Univers et les Débats".

L'occasion fut fournie par un compte rendu favorable que M. de Sacy avait fait, dans ce dernier journal, de l’Æistoire des protestants réfugiés, par Ch. Weiss. Louis Veuillot prit violemment à partie le critique des Débats, lui reprochant sa sévérité pour Louis XIV et les fauteurs de la révocation de l'Édit de Nantes. A ses yeux, l’hérésie n’est pas seulement une erreur de l'intelligence, c’est une révolte contre l’autorité infaillible, donc elle mérite un châtiment. Invoquant l’autorité de saint Augustin?, ce père de l’Église en robe courte et, après lui, M. Du Lac, démontrèrent que « toute la tradi« tionde l'Église consacrait la légitimité de l'emploi de la force

1. V.les Débats des 5, 27 octobre, re" novembre 1853; 6, 8, 10 janvier 1856, et l'Univers des 26, 28, 29 et 30 octobre 1853; 17, 21 el 2! décembre 1855 ; 4, 5, 6, 7, 9, 12, 15, 16, 20 janvier 1856.

2. Lettre au comte Bonilace, au sujet des Donatistes.