Histoire de la liberté de conscience : depuis l'édit de Nantes jusqu'à juillet 1870

SOUS L’'EMPIRE AUTORITAIRE (1852-1860) 299

Jules Simon allait donner à Gand (1857) à la demande des libéraux belges ses discours sur la Liberté de conscience qui ont formé le noyau du beau livre qu'il a publié plus lard sur ce sujet".

Cependant, Barni, Dameth, Edgar Quinet s'étaient réfugiés en Suisse ; les deux premiers furent admis à faire des cours de philosophie et d'économie politique à l'Université de Genève. Quinet, qui vivait retiré à Veytaux (près Montreux), vint à Genève au Congrès de la paix, présidé par Garibaldi (sept. 1867) et y prononça un discours, où il déplorait l'abrogation de la conscience, après le coup d’État du 2 décembre 1851 : « Alors, disait-il, c'était un crime d’avoir « cru à la sainteté du serment; c'était un autre crime d’avoir « cru à la sainteté des lois ; c'en était un autre, le plus grand « de tous, de n'avoir pas servi à l’iniquité? ».

$ 5.— La liberté de conscience dans l’enseignement souffrit des effets du coup d’État, plus encore que la liberté des cultes et la propagande des idées ; excepté toutefois dans les écoles congréganistes et les petits séminaires. Le décret du 8 mars 1852 imposa à tous les fonctionnaires de l'instruction publique le serment de fidélité au chef de l'État et assimila le refus de le prêter à une démission. Celui du 9 mars (même année) conféra au prince Président le droit de nommer et de révoquer les professeurs de Faculté, du Collège de France et des autres écoles d'enseignement supérieur, et au ministre, le droit d’en faire autant pour les professeurs de lycée et de collège. Les mesures prises par le ministre Fortoul, et complétées par la loi du 14 juin 1854*, sur l'instruction publique et le décret du 8 octobre 1857 sur le Collège de France, tendaient à soumettre tous les membres de l'Université à l’omnipotence du ministre. Aussi dans l’enseignement

1. V. Emile Dsscnawez. Les conférences à Paris et en France. Paris, 1880.

2. Bulletin du Congrès de la paix à Genève, no r.

3. La loi de 1854, en réduisant de 86 à 16 le nombre des recteurs, leur donnait plus d'autorité vis-à-vis des évêques ; mais, d'autre part, elle mettait les instituteurs à la merci des préfets.

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