Histoire de la liberté de conscience : depuis l'édit de Nantes jusqu'à juillet 1870
DE HENRI IV A LA MORT DE MAZARIN 2(
faveurs éclatantes. Un arrêt du conseil (1652) rendit aux ministres le droit d'exercice dans les annexes et, la même année, une déclaration solennelle rendue à Saint-Germain confirma l’Édit de Nantes, par les motifs les plus flatteurs et dans les termes les plus larges. « Nos dits sujets de la « R. P. R. nous ayant donné des preuves certaines de leur « aflection et fidélité, nous les maintenons dans la pleine et « entière jouissance de l'Édit de Nantes et autres édits et dé« clarations registrés, nolamment en l'exercice libre et publie « de leur religion, en tous lieux permis, nonobstant toutes « lettres et arrêts contraires. »
Comme on le voit, les amères expériences faites par les huguenots sous la minorité de Louis XIIT leur avaient servi de leçon; ils avaient gagné en liberté religieuse et en prospérité ce qu'ils avaient perdu en fait d'organisation politique el de places de sûreté. Ils appliquaient à leurs études théologiques, à l'éducation de la jeunesse et à la propagande les forces qu'ils avaient naguère dépensées dans les stériles agitations de la politique. Le cardinal Mazarin, outre les emplois de finances, n’hésitait pas à leur confier des postes de gouverneurs el des oflices de juge dans les cours de parlement. Ces progrès du protestantisme, se manifestant par l’accroissement des fonctionnaires de la religion et par l'extension des lieux de culte, inquiétèrent le clergé, qui, au lieu de rivaliser de zèle, eut recours à l'intervention, plus commode, mais antilibérale, du pouvoir civil dans les affaires du culle.
A l’occasion du sacre de Louis XIV, M. de Bertier, évêque de Montauban, adressa au roi des remontrances contre la déclaration de 1652 qui « réduisail les catholiques à une « espèce de servitude, aux endroits où ceux de la religion « prétendue réformée étaient en majorité ». Il réclamait l'exclusion des huguenots des charges de justice, de finances et mème des académies et collèges, « ne jugeant pas qu'on « dût soumettre la science à l'erreur ». L'assemblée du clergé de 1655-1656 chargea M. L. de Gondrin, archevèque de