Histoire de la théophilanthropie : étude historique et critique : suivi d'une notice sur les catholiques allemands
10 HISTOIRE
Jullien de Toulouse, Siauve ne sont pas les seuls membres des grandes assemblées parlementaires de la France qui aient fait partie de la Société théophilanthropique : nous pouvons citer encore Goupil de Préfeln, ancien membre dela Constituante, membre du Conseil des Cing-Cents, homme ardent et sincère, dont les opinions étaient parfois extrêmes, mais dont le cœur était inaltérablement bon et droit; Hewrtaut Lamerville, protestant, ex-constituant, connu par de bons traités d'économie rurale; Creuxé la Touche, esprit élevé, instruit, éloquent, qui fut membre de l’Assemblée constituante et de la Convention, fit partie du Comité de salut public après le 9 thermidor, et fut l’un des auteurs de la célèbre constitution républicaine de l’an IT, où il obtint qu'on présentôt à côté de la déclaration des droits de l’homme, celle de ses devoirs. Il fut plus tard sénateur, membre de l’Institut où il appartenait à la classe des sciences morales et politiques. Creuzé la Touche survéeut à la Théophilanthropie; il serait intéressant de savoir s’il est mort réconcilié avec l’Église catholique.
Un autre membre de la Société théophilanthropique, plus connu que Creuzé la Touche fut Dupont de Nemours, député aussi à l’Assemblée aationale, homme d’un vaste savoir, à quiles sciences naturelles, l’histoire, la philosophie, le droit publie étaient également familiers. Comme économisteil s'était fait connaître par la publication d'importants traités et avait été honoré de l’amitié de Quesnay, de Turgot qu’il aida dans ses travaux de réforme. Il était connu avant la Révolution, ayant pris part à Vacte de reconnaissance des États-Unis et préparé le traité de commerce avec l’Angleterre. Nul n'avait apporté à l’Assemblée nationale un esprit plus sage et dans lequel plus de fermeté s’alliât à plus de modération. Il fit supprimer la gabelle, plaida la cause des noirs ; royaliste libéral, on l'avait vu, au 10 août 1792, accourir avec son fils aux Tuileries, pour défendre la royauté menacée et accompagner courageusement le roi de son palais à l’assemblée : « Dupont, lui avait dit Louis XVI, on vous trouve partout où l’on a besoin de vous. » Ce savant, cet homme de bien, attristé, découragé par les révolutions successives que traversa la France et qui la jetaient tour à tour de l’anar-