Histoire de la théophilanthropie : étude historique et critique : suivi d'une notice sur les catholiques allemands
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son triomphe avec la Théophilanthropie!… Aujourd’hui, le peuple ne manque pas d'aller assister au prêche des théophilanthropes, il va se retremper et se régénérer dans leur saine morale; que les théophilanthropes se préservent toujours d'admettre dans leurs temples aucune image matérielle, qu'ils lient toutes leurs pensées à la grande conception de Moïse qui défendait la représentation des choses sacrées, à plus forte raison de la Divinité, qu’ils ne parlent de Dieu qu’avec la parole, et tous les esprits sensés iront adorer avec eux {1).»
Voilà ce qu’augurait de la Théophilanthropie un des espritsles plus judicieux du temps.
Ces illusions de quelques esprits généreux furent bientôt déçues : après un moment de faveur, la curiosité étant satisfaite, l'empressement de ceux qui fréquentaient le culte théophilanthropique en manière de protestation contre le catholicisme, s’étant bientôt ralenti, la Société alla languissant, dépérissant chaque jour. Les collectes étant interdites, les souscriptions volontaires et personnelles auxquelles s’engageaient, en ÿ entrant, les membres de la Société, étant mal payées d'ordinaire,
les caisses étaient vides ou à peu près. Il est vrai qu’on obtint du ministère de l’intérieur {le ministère des cultes n’existait plus) quelques allocations; mais qu’étaient les légers secours, dus sans doute à la sollicitation de sociétaires tels que Regnault, Siauve, qui remplissaient des fonctions dans l’État, secours qui ne dépassèrent guère la somme de mille écus, pour faire vivre une société? Il est vrai que les dépenses de la société étaient petites; les édifices lui étaient concédés par les municipalités, à titre gratuit, à la seule charge par ceux qui s’en servaient de les réparer, approprier, entretenir; la charge de lecteur, d’orateur, n’était pas payée ou ne l'était que peu; les chœurs étaient peut-être dans le culte ce qu’il y avait de plus coûteux, mais quand, par raison d'économie, on se fut décidé à les supprimer, le culte
qu'ils animaient s’en ressentit d’une manière fâcheuse, etsa ruine en fut accélérée.
(1) Mercier, Nouveau Paris, tome II, p. 80 et sv.