Histoire de la théophilanthropie : étude historique et critique : suivi d'une notice sur les catholiques allemands
DE LA THEOPHILANTHROPIE. 23
Quel fut le résultat des efforts de Siauve? se rencontra-t-il dans cctte libre terre d'Helvétie des hommes disposés à adhérer aux principes théophilanthropiques ?
C’estun point qu’il ne nous a pas été possible d’éclaircir.
Des efforts semblables à ceux de Siauve furent faits en Italie. En 1799, un certain Grégory, homme de loi dans le département de la Sesia, fit imprimer à Turin une traduction du Manuel. Elle était précédée d’une lettre adressée aux mères de famille républicaines, pour les engager à embrasser le culte théophilanthropique. Il ne parait pas que ses efforts aient été couronnés de succès.
Si la Théophilanthropie, que la traduction du Manuel en différentes langues, avait fait connaître dans les diverses contrées de TEurope, notamment en Angleterre et en Allemagne, rencontra dans ces pays des sympathies et des adhésions particulières, elle n’eut nulle part, eroyons-nous, de société organisée, en dehors des trois contrées que nous venons de mentionner.
On se tromperait pourtant si l’on croyait que, même en France, le nombre des Théophilanthropes fût en rapport avec le nombre des églises dans lesquelles la société célébrait son culte. En s’établissant dans tant d'églises, en occupant tant de points à la fois, la Théophilanthropie avait voulu sans doute se faire connaître; elle s'était flatté de conquérir ainsi plus de disciples : ce fut une erreur de sa part! elle diminua ses forces, en les disséminant; son culte, qui, célébré à Paris en deux ou trois églises seulement, aurait pu réunir des assemblées nombreuses, animées et présentant un air de vie, célébré le même jour en dix-huit temples, et cela à une époque d’indifférence générale ne pouvait grouper une assemblée compacte et donner ainsi l’idée d'une société en progrès, d’un culte animé et vivant. Aussi le nombre trop grand des lieux du eulte fut-il funeste à la Théophilanthropie; au début, sans doute, ses temples se remplirent d’une foule curieuse; plusieurs contemporains crurent à la durée, au succès définitif de la nouvelle église. Mercier, par exemple, un observateur attentif et sagace, mêlé lui-même aux événements, écrit dans son nouveau-Paris : « C’en est fait, la superstition est abattue ct la rai-