Histoire de la théophilanthropie : étude historique et critique : suivi d'une notice sur les catholiques allemands

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de la Providence. Ils trouvaient la vérité, ou pour mieux dire, une portion de vérité dans toutes les institutions, dans toutes les traditions religieuses, mais ils voyaient en elle une découverte ou une aperception naturelle de la raison, et ils faisaient profession de se l’approprier partout où ils la rencontraient, sans se rattacher d’ailleurs spécialement à aucune tradition et à aucun eulte.

Avec l’idée d’une intervention surnaturelle de la divinité, les Théophilanthropes repoussaient celle des miracles, c'est-àdire de ces faits extraordinaires, prodigieux, qui sont, ou prétendent être le signe extérieur et visible de cette intervention. Ils ne croyaient pas que ces miracles qu’on trouve non seulement dans la Bible, mais dans les livres religieux de tous les peuples, se fussent réellement accomplis, et ils ne voyaient dans ces récits qu’un produit de l'ignorance, dela crédulité ou du mensonge.

La Théophilanthropie est-elle tombée parce qu’elle repoussait VPidée d’une révélation surnaturelle, et qu’elle prétendait appuyer uniquement la religion sur la raison et sur laconsciencehumaines ? Il vaut la peine de l’examiner! Ce n’est pas seulement la Théophilanthropie que cette question intéresse ; elle intéresse l’avenir de la religion dans nos sociétés.

S'il y a un fait qui se dégage avec évidence du mouvement d’idées dont nous sommes témoins, c’est que la notion même de la Religion se transforme. On la conçoit de moins en moins comme une série de coups de théâtre de Dieu pour se révéler extraordinairement aux hommes, et de plus en plus on voiten elle le libre déploiement, le développement naturel des forces morales de l'humanité, développement dont le but, le terme idéal n’est rien moins que l'union parfaite de l’homme avec Dieu.

Que sert-il de se le dissimuler ? Cette notion moderne de la religion est eontradictoire de l'ancienne, bien qu’au fond, et au sens vraiment religieux du mot, la religion ne cesse pas d’être, dans l’une et dans l’autre conception, une Parole, une Révélation de Dieu ! Si donc il était démontré que la religion ne peut exister en dehors du terrain de l’ancien Supranaturalisme, peut-être y aurait-il iieu de se demander, si, dans un temps plus ou moins