Histoire de la théophilanthropie : étude historique et critique : suivi d'une notice sur les catholiques allemands
DE LA THÉOPHILANTHROPIE. 67 long, l’homme ne sera pas réduit à se passer des lumières, des forces et des joies de la religion.
Reconnaissons-le d’abord ! À ne consulter que l’histoire, il n’y à pas de doute possible : l'histoire tend incontestablement à prouver, qu'une religion et une Église ne peuvent vivre qu’autant qu’elles reposent sur l’idée d’une révélation. Toutes les religions du passé, tant celles des païens que celle des Juifs, reposent sur cette idée; toutes se sont données pour des révélations, des communications surnaturelles de Ja divinité; toutes constituent un ensemble de faits, de vérités, de pratiques se donnant pour avoir été appris, transmis à l’homme par voie surnaturelle. 11 n’y à pas eu encore d'Église, (j'en excepte naturellement la Théophilanthropie et quelques autres sectes obscures, sans importance), qui ait reposé sur une idée contraire, qui ait affirmé l’aptitude de la raison et de la conscience à s'élever d’elles-mêmes à Dieu, et qui ait donné son enseignement, sa doctrine, comme l’ensemble des affirmations libres et naturelles, quoique certaines, de celle conscience et de cette raison. C’est même par ce caractère de révélation, que l’on distingue d'ordinaire l’enseignement religieux de l’enseignement philosophique, et il faut reconnaître que cette distinction est historiquement fondée ; l’enseignement philosophique, produit de Ja raison, doit se justifier devant elle; l’enseignement religieux ne se justifie pas; il s'impose parce qu’il émane de Dieu.
Telle est la distinction généralement admise entre la philosophie et la religion! Par conséquent, l’histoire à la main, la question semblerait jugée. Mais n’y a t-il que l’histoire Pour résoudre une telle question ? Peut-on, doit-on accepter ses arrêts comme l'expression d’un fait nécessaire et partant immuable? Doit-on voir dans ce qui a été jusqu’à présent, la loi de ce qui doit être à jamais ? cela n’est pas certain !
D'ailleurs, même à s’en tenir à l’histoire, il est un fait qui nous paraît digne de remarque, quelque opinion que l'on ait sur la nature de la religion. Nous avons dit que toutes les religions, sans en excepter une seule, se prétendent révélées Surnaturellement:; or, elles ne sauraient l'être toutes ! elles sont trop diverses et