Histoire des deux conspirations du général Malet

302 HISTOIRE DES DEUX CONSPIRATIONS

Et il terminait par ces mots où le vieux Jacobin se peint tout entier : « Voilà ce que pense un bon vieux Français, qui ne respira jamais que des idées justes, mais libérales, qui ne voulut et ne voudra jamais rien être qu’un ami de l'humanité. Puisse-til, avant de mourir, voir sa patrie heureuse, mais libre, sans licence, chose si facile aussitôt que les gouvernants le voudront fortement. »

I ne fut pas donné à ce bon vieux Français, à ce pur républicain, à ce patriote par excellence de voir son vœu se réaliser. Il mourut, laissant sa patrie aux mains de cette monarchie de droit divin dont il avait prédit les vengeances.

Il faut regretter amèrement que le concours de Demaillot ait manqué à la conspiration de 1812 ; car ce qui à fait défaut surtout à cette dernière conspiration, c’est l’élément civil. Malet avait admirablement combiné son plan, en spéculant sur lobéissance passive ; mais il suffisait du moindre incident imprévu, comme cela arriva d’ailleurs, pour que cette obéissance passive se retournât contre lui. Supposez, au contraire, le comité de la rue BourgAbbé fonctionnant en 1812 comme en 1808, supposez Rigomer Bazin et Demaillot soulevant le vieux Paris, et ranimant au cœur des patriotes de l’an Il le républicanisme que l’âge n'avait pas encore