Histoire du blocus hermétique de la Suisse, pour faire suite à l'histoire du blocus continental : lettre à Lord Parmerston...

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engagement national; et cependant il n’était en quelque sorte encore qu’adhortatoire, en ce que tels Cantons auxquels il aurait plu de s’y refuser, n’avaient à craindre du gouvernement fédéral que des remontrances , ou tout au plus des réprimandes ; aussi ses ordres furent-ils incomplétement et mollement exécutés. Pour se mettre en pleine règle, il eût fallu proposer et imposer à tous les confédérés le sacrifice individuel de leurs souverainetés cantonales, en ce qui concerne le séjour ou l'expulsion des réfugiés politiques. Ce sacrifice n'était pas impossible à obtenir; mais il fallait y procéder avec de grands ménagemens, vu l’ancien attachement de chaque Canton pour sa souveraineté individuelle, qui de tout temps s’est identifiée avec son existence politique. Sur toutes choses fallait-il pouvoir en appuyer la demande sur des preuves irréfragables que ceux des émigrés, dont les gouvernemens d’Outre-Rhin sollicitaient l’expulsion, méditaient de nouveaux projets semblables à celui qui avait fait renvoyer les Polonais.

Or, d’un côté, nos polices cantonales sont peu aptes à découvrir des associations secrètes, et de l’autre, ceux des réfugiés qui s’en permettaient , redoublaient de mystère et de ruses pour les cacher.

Cet état de choses provoqua, de la part des voisins immédiats de la Suisse, une longue série de récriminations qui avaient déjà atteint un haut degré d’aigreur, lorsque, vers le printemps de 1836, ce procès fut envenimé par l’arrivée d’un jeune ambassadeur français ( le duc de Montebello), qui se fit Porgane officieux des griefs des princes allemands, se présenta à la confédération comme le vengeur du droit public foulé aux pieds, et se prononça contre elle avec une partialité sans excuse.

Ceux des Suisses qui ont le mieux suivi ses allures ,