Histoire du blocus hermétique de la Suisse, pour faire suite à l'histoire du blocus continental : lettre à Lord Parmerston...

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marcher de front certaines questions dont la connexité sera loin d’être également évidente à tous les yeux ; et celui de consigner, cà et À, chemin faisant, certains souvenirs anecdotiques que les vieillards se plaisent à reproduire chaque fois que l’occasion s’en présente.

La menace du Blocus hermétique dont je vais parler, a éclaté sur nos Cantons à l’occasion de leur droit d’asile.

Vous savez, Milord, que de temps immémorial la Suisse a été regardée comme un port franc, ouvert à tous les navigateurs battus par la tempête des opinions politiques ou religieuses.

Un semblable privilége n'est guère de nature à être constaté que par des traditions non interrompues. Or, je demande à appuyer, entre autres, sur un fait récent et peu ou point connu, fait dont je me trouve dépositaire, et qui me semble ajouter un vif intérêt à la catastrophe encore palpitante, dont nous avons été l’un et l’autre témoins consternés.

Ïl y a peu d'années qu'un ancien ami, feu le comte de Sèze, défenseur de Louis XVI, me fit, dans ma retraite rurale, en présence de quelques magistrats suisses, la communication que je vais transcrire: « Vous serez, j’en suis sûr, vivement touchés, Messieurs, d’une confidence que j’ai à vous faire. La veille du jugement de Louis XVI, M. de Malesherbes et moi, nous nous rendimes auprès de Sa Majesté pour la préparer à son sort, qui ne nous était que trop connu. Le malheureux monarque ne voulut point nous croire. — Vous vous trompez, dit-il; mes juges woseront jamais me mettre à mort ; le bannissement est la sentence qu'ils me réservent. Je m’y attends, et j’ai résolu de ne point demander aux membres de ma famille un asile qui les compromettrait eux et leurs sujets. Je n’irai ni en Espagne ni en lialie. Il est un peuple qui a eu de tout