Historiens et marchands d'histoire : notes critiques sur des récents : La duchesse de Chevreuse ; La Tour du Pin ; Les vainqueurs de la Bastille ; Les discours de Danton ; Les volontaires nationaux ; Dumouriez ; Le général Dours, Stanislas Fréron ; Hohenlinden ; Le duc d'Enghien ; Duroe ; Étiene de Laclos ; Napoléon et le monde dramatique ; Madame de Genlis ; Delphine de Custine ; Le Brulard de Stendal ; A la barre de l'histoire ; La jeunesse de Louis-Philippe ; La guerre de 1870

LE DUC D'ENGHIEN 199

commander quelques troupes auxiliaires où il placerait des officiers émigrés et des déserteurs, que le nombre de ces déserteurs sera grand, qu’il a pu s’en convaincre durant un séjour de deux années sur la frontière de France. Quel effet cette note aurait produit sur des juges militaires au fort de la guerre contre les Anglais ! C’est pourquoi Bonaparte donne mission à Réal de la porter à Vincennes et d’en faire la base de son instruction. Il comptait enlever plus facilement, plus promptement la condamnation du prince. « Si cette lettre à Stuart, s’écrie M. Welschinger, était une charge écrasante, pourquoi n'avait-elle pas été communiquée aux juges ? » Mais Bonaparte voulait la communiquer aux juges ; il la remit à Réal et... Réal n’arriva pas à temps.

3° Bonaparte pouvait-il, dès lors, reprocher à Réal de n'être pas allé à Vincennes et d’avoir pris trop tard le chemin du château? Réal n’était-il pas tenu par l’ordre même de Bonaparte d'attendre chez lui l’accusateur public ? Au reste, le Consul faisait trop bien les choses, et, ainsi que l'événement le prouva, la présence de Réal était inutile à Vincennes. L’arrêté pour le jugement d’'Enghien, « prévenu d’avoir porté les armes contre la République, d’avoir été et d’être encore à la solde de l'Angleterre, de faire partie des complots tramés par cette puissance », cet arrêté, ainsi libellé, ne devait-il pas être, suivant