Historiens et marchands d'histoire : notes critiques sur des récents : La duchesse de Chevreuse ; La Tour du Pin ; Les vainqueurs de la Bastille ; Les discours de Danton ; Les volontaires nationaux ; Dumouriez ; Le général Dours, Stanislas Fréron ; Hohenlinden ; Le duc d'Enghien ; Duroe ; Étiene de Laclos ; Napoléon et le monde dramatique ; Madame de Genlis ; Delphine de Custine ; Le Brulard de Stendal ; A la barre de l'histoire ; La jeunesse de Louis-Philippe ; La guerre de 1870

246 NOTES CRITIQUES SUR DE RÉCENTS OUVRAGES

sonnières de la Terreur, elle aima Chateaubriand. Mais, c’est, avant tout, une amoureuse, et M. Maugras aurait dû nous présenter presque uniquement l’amoureuse, nous montrer, nous expliquer comment cette « reine des roses » va de passionnette en passionnette et de passion en passion, comment elle arrive quelquefois à se donner par calcul, comment elle dédaigne ceux qui l’aiment sincèrement pour se jeter dans les bras de ceux qui la regardent comme un jouet. M. Maugras a préféré découper la vie de Delphine en tranches symétriques et il raconte l’existence de son héroïne uniment, froidement, platement, sans chaleur ni émotion, selon l’ordre des temps. Son récit se déroule comme une chronique et ne s’anime que vers la fin lorsqu'il vient à parler de M" de Varnhagen dont il parle trop et dont il n’eût guère parlé si sur ces entrefaites n'avait paru le volume de M. Spenlé.

Est-ce même un récit? N'est-ce pas plutôt un recueil épistolaire, une suite de citations? Que de longueurs! Que de lettres il eût fallu abréger et résumer! Que d'épisodes inutiles il eût fallu supprimer! Il semble que M. Maugras ait résolu de dépasser ses cinq cents pages et de publier coûte que coûte un Plon à 7 fr. 50.

Ne sait-il pas qu’un historien doit non seulement chercher, trouver, réunir des documents, mais les ranger, les choisir, retrancher le superflu, donner l’essentiel? Ne sait-il pas qu’il