Journal d'un étudiant (Edmond Géraud), pendant la Révolution (1789-1793)

9% LE JOURNAL D'UN ÉTUDIANT

«22 mars 1791.

« Jamais je n'avais entendu au Lycée d'aussi beau concert que celui qui s'y donna samedi; les plus grands talents y étaient réunis. MM. Garat, Chéron, Rousseau y furent universellement applaudis, et Mile Renaud des Italiens, dont tu as sûrement entendu parler, attira tous les suffrages, comme elle l’a fait toujours, et elle reçut aussi les plus vifs applaudissements. Outre cela, il y avait le maître de musique de la reine, qui toucha dans différentes pièces de musique avec beaucoup de goût, ainsi qu'une jeune demoiselle de douze ans; lé mal, selon moi, qu’il y eut dans ce concert, c'est que tous les virtuoses, excepté M. Chéron et un castrat venu d'Italie, chantèrent en italien, aussi ne me suis je pas amusé autant que dans les autres concerts où l’on chantait en français, mais qui n'étaient pas aussi brillants. »

Le Lycée devint pour nos jeunes gens une ressource des plus précieuses; tout le temps qu'ils ne consacraient pas à leurs études, ils le passaient dans ces salles si commodes, si spacieuses, si bien aménagées; ils y trouvaient tous les livres qui pouvaient les intéresser, les journaux du jour, ils y faisaient leur correspondance :

« Les leçons si instructives et sans doute uniques du Lycée, écrit Edmond, ne sont pas les seuls avantages qu'on y trouve.