Journal d'un étudiant (Edmond Géraud), pendant la Révolution (1789-1793)

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plet; il a repris la littérature depuis son enfance et doit nous développer d'une manière suivie l'accroissement et l'étendue qu'elle a pris jusqu’à nos jours, où sans doute elle est parvenue à son plus haut degré de perfection.

« M. de La Harpe ne lit point un ouvrage pour le commenter, comme M. Selis, mais il nous fait voir par ce qu'il a écrit, tout un auteur dans une seule lecon. Par ce moyen tu vois que, dans toute l'année. il pourra nous faire voir beaucoup de littérature. »

L'écho de ces brillantes leçons se répandit rapidement dans le public et valut au Lycée une recrudescence de célébrité :

«921 février 1791.

« Le nombre des souscripteurs du Lycée augmente chaque jour, écrit Edmond; nous sommes à présent environ 109 ou 110. Nous y avons eu samedi dernier un concert des plus brillants et quelques jours auparavant une lecture d'un discours contre le barbare préjugé du duel. Après tout ce qu'en a dit J.-J. Rousseau il n'est pas possible d'écrire rien de mieux. Les raisonnements victorieux de cet écrit ont excité une sensation générale, et les applaudissements les plus vifs et les plus continus ont été prodigués à l'auteur. »

Les artistes les plus célèbres contribuaient fréquemment à donner de l'éclat aux réunions, aussi Edmond et John n'avaient-ils garde d'y manquer :