Journal d'un étudiant (Edmond Géraud), pendant la Révolution (1789-1793)

PENDANT LA RÉVOI UTION. 97 Situé près du Palais-Royal, le Lycée était devenu un véritable centre d'informations; dès qu'un incident se produisait, c'est là qu'on aecourait; l'on était toujours sûr d'y trouver tout à la fois des nouvelles et une société nombreuse et choisie.

Le soir, les souscripteurs s'y réunissaient régulièrement. On y attendait avec impatience le Postillon, le seul journal du soir qui rendit compte des séances de l'Assemblée; dès qu’il arrivait, on le lisait avidement, on le passait de mains en mains, et les événements quotidiens étaient l'objet de commentaires sans fin.

Souvent de superbes concerts ou des lectures publiques, sur des sujets intéressants, arrachaient les jeunes gens à la politique et leur permettaient de passer une charmante soirée. Garat, Chéron, Laïs, Rousseau, toutes les étoiles de l'Académie de Musique y chantaient très fréquemment et leur présence atirait toujours nombreuse affluence. Jamais le Lycée n'avait été aussi brillant. En mars 1791, le nombre des souscripteurs s'élevait à près de trois cents.

L'âme de cette réunion était une femme, Mme de Villette, la Belle et Bonne de Voltaire’. Elle s'était

4. Mlle de Varicourt, d’une bonne famille du pays de Gex, mais sans fortune, était destinée au couvent. En 1775 elle vint avec ses oncles, MM. Desprez de Crassiez, voir Voltaire à Ferney. Elle charma le patriarche par sa grâce et sa simplicité et il la demanda à sa famille pour aider Mme benis dans les soins de la maison. Bientôt après il ne l’appelait plus que Belle.et Bonne et le nom lui resta. En 17:7, le marquis de Villette vit Belle et

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