Journal d'un étudiant (Edmond Géraud), pendant la Révolution (1789-1793)

98 LE JOURNAL D'UN ÉTUDIANT

passionnée pour cette institution, elle en avait fait sa chose, et elle s’ingéniait de mille manières pour en augmenter l'éclat et la réputation. Grâce à ses relations et au souvenir de Voltaire, elle n'était pas sans crédit sur les littérateurs, les savants, les artistes, les gens de théâtre. C'est elle qui recherchait pour les, lecons toutes les illustrations des sciences ou de la littérature, c’est elle qui organisait les concerts, Les lectures, les expositions; en un mot, c'est à elle, à son zèle et à son intelligence que le Lycée devait tous ses succès. Aussi y était-elle vénérée et considérée comme la grande prètresse du temple.

Avec leurs leçons particulières, les cours du Collège de France, ceux du Lycée, les distractions fréquentes qu'ils rencontraient dans ce dernier endroit, les pupilles de M. Terrier devaient se trouver très occupés et il leur restait évidemment fort peu de loisirs.

Ils n'en demandèrent pas moins bientôt à leurs parents l’autorisation de se présenter aux Jacobins, et Terrier, que la perspective de faire partie du célèbre club séduisait particulièrement, appuya leur demande ;

Bonne chez Voltaire, en devint éperdument épris et l’épousa : « M. de Villette a épousé dans ma chaumière de Ferney, écrit le patriarche, une fille qui n’a pas un sou et dont la dot est de la vertu, de la philosophie, de la candeur, de la sensibilité, une extrême beauté, l'air le plus noble; le tout à dix-neuf ans. Les nouveaux mariés s'occupent jour et nuit à me faire un petit philosophe. Cela me regaillardit dans mes horribles souffrances. »