Journal d'un étudiant (Edmond Géraud), pendant la Révolution (1789-1793)

102 LE JOURNAL D'UN ÉTUDIANT

viennent en grand nombre et y prêtent tour à tour le serment de soutenir la Constitution, de dénoncer les traîtres à la patrie et de défendre ceux qui feront de telles dénonciations :

« Bordeaux, 14 mai 1791.

« Notre club prend un grand accroissement. Le local est trop petit et nous allons occuper une des églises supprimées ; les matières actuellement à la discussion sont le licenciement des officiers de l'armée, le duel, le mariage des princes. Nous avons des orateurs d’une grande force. Heureux ceux qui possèdent le talent de l'improvisation! De tels sujets, rares encore, ne le seront pas dans la suite. Comme le génie n’a plus d'entraves, il se déploiera en France, de manière à faire oublier les orateurs les plus fameux de la Grèce et de Rome. »

L'institution des clubs paraît à M. Géraud une idée merveilleuse et qui doit produire de véritables bienfaits. « Oh! les heureux établissements que les clubs, s’écrie-t-il, la France en est couverte! Ils sont, pour la chose publique, ce que l’air est pour l'existence. » A l'en croire, ils font le plus grand bien, ils étendent prodigieusement l'esprit public : « il n'y a plus cette même légèreté, cet amour des plaisirs, chacun ambitionne d'acquérir des connaissances utiles en législation, en administration, etc. » Il n'hésite pas à leur