Journal d'un étudiant (Edmond Géraud), pendant la Révolution (1789-1793)

PENDANT LA RÉVOLUTION. 401

de pareilles associations. Elles contribueront beaucoup à propager l'esprit publie, les bons principes et à rendre inébranlable la Constitution. Le dimanche et le mercredi, le public assiste à nos séances. Nous y avons des hommes de grand talent. Vergniaud est notre Mirabeau, Guadet notre Pétion, Ducos notre Barnave. »

Ses enfants lui ayant demandé si la question de religion était un obstacle à l'entrée dans la société, il s’empresse de les détromper et il leur parle en même temps du succès croissant de cette réunion :

« Bordeaux, 350 avril 1790.

« Tu me demandes si les Juifs sont admis dans la société des Amis de la Constitution. Oui, sans doute, et on y admettrait également des Turcs, s’ils étaient enflammés de l'amour du patriotisme, avec la réputation d'une bonne conduite. C’est tout ce qu'on exige, et l'on n’a égard ni à la naissance, ni aux places, ni aux richesses, ni à la profession, qui jadis établissaient des distinctions si humiliantes.

« Nos séances attirent une grande affluence. Le local ne contient que douze à quatorze cents personnes, mais füt-il dix fois plus grand, il serait toujours plein. Les dames, pour être placées commodément ; s'y rendent à trois heures et les séances ne s'ouvrent qu'à six heures. Les soldats des troupes de ligne y j | ü.