Journal d'un étudiant (Edmond Géraud), pendant la Révolution (1789-1793)

108 LE JOURNAL D'UN ÉTUDIANT

les joindre dimanche à leur château de Bellevue pour les accompagner sous bonne escorte à celui des Tuileries. Ceux qui voient partout des projets de contrerévolution prétendent que ce départ n’est qu'un prélude, que Monsieur va bientôt demander d'aller aux eaux, que la Reine avec le Dauphin prétextera d'aller faire un tour à Fontainebleau, qu'ainsi loute la famille royale s'évadera successivement.

« Vannes vient de voir une autre Saint-Barthélemy ; le fanatisme plane sur toute la France, cherchant où il pourra allumer son flambeau incendiaire au feu sacré de nos autels!. »

« On n’attache autant d'importance à la fuite des tantes du Roi, écrit Edmond de son côté, que par la crainte d'émigrations plus dangereuses; on a bien raison de les redouter: je ne vois que ce moyen de contrerévolution qui puisse être efficace. Je ne crois pas que le Roi soit sincèrement dans les sentiers de la Révolution. Au reste, on s'attend que les tantes auront rencontré bien des obstacles sur leur chemin, et qu’elles auront peut-être rebroussé. »

En effet, Mesdames avaient pris la route d'italie, mais elles furent arrêtées par la municipalité d’Arnay-le-Duc et gardées à vues jusqu'à ce que l’Assem-

4. Les paysans bretons, excités par les prédications du clergé, venaient de se soulever; ils marchèrent sur Vannes, mais la garde nationale leur barra le chemin et en tua un assez grand nombre,