Journal d'un étudiant (Edmond Géraud), pendant la Révolution (1789-1793)
20 LE JOURNAL D'UN ÉTUDIANT
avons vu jouer Mme Dugazon. Suivant moi, elle a le jeu dans son genre aussi bon que Mile Sainval ; elle remplissait le rôle de la femme de Barbe-Bleue dans une pièce ainsi nommée. Ce Barbe-Bleue est le conte suivi de point en point. Mme Dugazon est d'un naturel et d’une naïvelé qui enchantent.
« Voilà jusqu'à présent où se sont bornées mes courses dramatiques, mais j'ai vainement cherché la belle façade de la comédie de Bordeaux. Où sont, disais-je en moi-même, ces belles colonnades élevées avec tant de hardiesse? Hélas! ici, combien peu le dehors répond au dedans! »
Après avoir visité l'Opéra et Les Italiens, nos jeunes gens s'empressent d'aller entendre ces comédiens français, dont la réputation est universelle : « Qui n'a pas vu la comédie à Paris, écrit Von Vizine, n’a pas l'idée de la comédie, et celui qui l'a vue n'ira plus volontiers la voir ailleurs. »
Le Théâtre-Français est situé depuis 1782 à l'Odéon : la façade ornée de colonnades est majestueuse; la salle, très vaste, est décorée avec simplicité et contient sept rangs de loges.
« J'ai été il y a quelques jours voir jouer Meédée aux Français, mande Edmond; la salle est fort élégante, très jolie et surtout très commode; les décorations
faction à la vanité des comédiens qui ne voulaient pas être confondus avec les petits comédiens des boulevards du Temple, on avait consiruil la facade tournant le dos au boulevard.