L'Affaire Naundorff : le rapport de M. Boissy d'Anglas, sénateur

SUR LA QUESTION LOUIS XVII vi

Comme vous avez exprimé le désir d'être informé s'il est vrai que le Gouvernement prussien ait élevé la prétention que vous descendiez d'origine juive, je n'hésite pas à vous assurer que le dit Gouvernement n’a pas élevé cette prétention, et que, de plus, il n'aurait pu le faire, ne connaissant aucune circonstance dont on puisse inférer une telle origine.

Le Ministre de l'Intérieur et de la Police : De Rocnow.

A Monsieur Charles-Guillaume Naundorff, à Londres.

La lettre de demande était signée: Charles-Louis, duc de Normandie, roi légitime de France. Le duc de Normandie et Naundorff étaient donc, pour le ministre prussien, une seule et même personne, puisqu'il répondait indifféremment à Naundorff et au duc de Normandie (1).

Telle est l’histoire de ce faux calomnieux, connu sous le nom de faux Dejean, dans lequel le gouvernement de Louis-Philippe ne craignit pas de s'engager et de se compromettre honteusement pour perdre le malheureux Louis XVII dont il redoutait les réclamations (2).

Les sénateurs qui désireront connaître plus de détails

4. Raisonnement admirable, qui a excité la verve discrète de M. G. Lenôtre dans le Temps du 22 mars 1911 : « Les deux ne faisaient qu'un en effet dans la conviction du roi de Prusse et de ses ministres, et ceux-ci ne pouvaient user de termes plus méprisants pour le faire comprendre. »

2. Voici exactement l'histoire, sans formules indignées, sans imprécations, sans conclusions précipitées. — Le 11 août 1836, Thiers accusait réception

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