L'année de la peur à Tulle
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pain, mais qu’il étoit indispensable de corriger les abus innombrables qni s’y étaient glissés ; qu’il était publie et notoire que beaucoup de personnes faisaient une espèce de commerce du pain qu'ils recevaient, que d’autres se presentaient pour en recevoir, quoiqu'ils ne fassent pas dans cette classe diseteuse, que l'intention de la commune et des prêteurs est de soulager. Enfin il a été observé que cette distribution étoit si pénible que le nombre de six commissaires ne pouvoit pas y suffire.
Le Conseil décida que les distributions de pain ne seraient pas interrompues, qu’elles se continueraient de la même manière que par le passé, priant MM. les Commissaires de prendre les mesures nécessaires pour éviter les abus. M. Meynard, officier municipal, et M. Brival, procureur de la commune, furent adjoints aux commissaires pour ces distributions.
Les marchés de la ville étaient peu approvisionnés en grains, les besoins de la population devenaient chaque jour plus pressants ; le grenier public élait presque vide, force était donc à la municipalité d'y pourvoir. Un des notables, M. Brossard, qui avait été jnsqu'à ce moment chargé de l’approvisionnement du grenier public, fut prié de correspondre avec les marchands de Bordeaux, Mcntauban et autres, et de s’entendre avec eux « pour y faire acheter autant de grain que faire se pourroit et de prendre les mesures les plus sûres pour que le grain arrive promptement ».
Le grenier public de Tulle vendait à chaque marché 115 à 116 setiers de seigle, quantité considérable qui cependant augmentait de plus en plus; mais l’apport des seigles de la montagne à Tulle diminuait. Les municipalités du haut pays craignaient, disait-on, de se départir de leurs récoltes, ce qui incita le procureur de la commune à demander que toute espèce de dro't d'entrée et de