L' Atlantide : exposé des hypothèses relatives à l'énigme de l'Atlantide : avec 23 figures et cartes

136 LA POLÉMIQUE ATLANTIDIENNE MODERNE

du sud, avec les Kusch et avec les Punt de la mer indoarabique. Il faut se figurer ce primitif continent insulaire d'Ogygie-Atlantide comme une île-continent prédiluviale, à peu près comme une continuation de la côte sud-orientale de l’Arabie, s'étendant dans la direction de Madagascar et de Ceylan. Cette terre aurait disparu au commencement de l’époque glaciaire lors du « déluge ogygien» connu par les traditions des Pélasges. Karst voit dans cette catastrophe le facteur des migrations des Atlantes. Sa théorie de l’Atiantide a donc pour point central l'opinion qu'à une époque où le nord de l’'Europe était pour la plus grande partie sous la glace les Ibéro-Ethiopiens préhamitiques, comme colons et civilisateurs du domaine libyen-sud-méditerranéen, se répandirent, partant de l'Océan Indien, par-dessus l'Iran et le sud-ouest asiatique, dans la direction de l’ouest et du nord-ouest, par-dessus les pays du haut Nil, transversalement à travers l'Afrique du Nord maritime, alors couverte de lagunes, vers la Numidie, la Mauritanie, l'Hespérie et, de là, par-dessus l'Espagne occidentale, vers les côtes maritimes de la Gaule et de la GrandeBretagne, couvrant ces régions de dolmens et d’autres mégalithes comme témoins de leur civilisation et de leur religion. Karst parle en effet formellement d’une « race des dolmens » indo-atiantique.

Très importante est la remarque que, du point de vue de la très ancienne linguistique, la mer Atlantique était conçue comme double, avec un bassin eriental et un bassin occidental. Dans leur sens primitif, les notions de Libye et d’Ethiopie s’appliquaient à des pays du sudouest de l’Asie, en rapport avec l'océan indo-arabique. Mais ce sens s’effaça graduellement et ces mots, perdant leur valeur localisatrice primitive, furent appliqués dans le domaine africain à d'autres bassins, aussi Atlantiques. Encore pour Strabon la mer sud-asiatique est une