L' Atlantide : exposé des hypothèses relatives à l'énigme de l'Atlantide : avec 23 figures et cartes

206 LES SUBMERSIONS IRLANDO-ARMORICAINES

diction avec l’opinion alors courante (1) qui plaçait la fin des submersions atlantiques à la fin de l’époque tertiaire, avant l’époque glaciaire, c’est-à-dire 200.000 ans à 600.000 ans avant l’âge du bronze selon la durée qu’on attribue à l’époque glaciaire. L’extrême ancienneté qu’on attribuait aux dernières submersions survenues dans la zone atlantique constituait l’objection d'apparence péremptoire qu'on opposait aux théories atlantiques de l’Atlantide, les prêtres de l'Egypte n’ayant vraisemblablement rien pu connaître de faits remontant à 200.000 ans (2). Mais, dès 1923, les botanistes avaient été amenés à rajeunir beaucoup les submersions atlantiques pour expliquer la distribution de certaines espèces et admettaient que « pendant l’époque glaciaire, des terres ou des chaînes d'îles rapprochées reliaient encore l'Irlande à la Bretagne, probablement aussi à la péninsule ibérique et aux Acores, permettant la communication des flores et des faunes (3).» On savait aussi que la mer de la Manche n’a été ouverte (ou à nouveau ouverte) qu’à l’âge du bronze, certaines espèces végétales venues de l'Orient vers l’ouest, par l’Allemagne, avant l’âge du bronze, ayant pu passer en Angleterre (4) tandis que d’autres, arrivées plus tard, furent arrêtées par la mer et ne purent pas passer. Tout récemment enfin l'identification des grains de pollen conservés aux divers étages des anciennes tourbières a établi par une voie nouvelle et d’application bien plus générale qu’à l’époque néolithique la flore était encore une flore de caractère continental (5). L'occasion de revenir sur cette question m'a été donnée à moi-même par la

1. Eugène de MARTONNE : Traité de Géographie physique, 1° édition, Paris, 1909, p. 595 et fig. 275.

2. Camille VALLAUX : Géographie générale des mers. Paris, 1933,

. 400. À : 3. Auguste CHEVALIER, professeur au Museum : Les espèces atlantiques de la flore française (Rapport présenté au Congrès de Bordeaux de l’Association française pour l’Avancement des Sciences, 1933, 30 p.), v. p. 1.

4. Des listes de ces plantes se trouvent dans le petit ouvrage de Félix RAWITSCOHER : Die heimische Pflanzenwelt, 2° édition, Fribourg en Brisgau, 1927. Herder, éditeur, p. 221.

5. Un résumé aisément accessible de la question existe dans l’excellent manuel de Henri GAUSSEN : Géographie des Plantes. Paris, A. Colin, 1933 (pp. 59 à 61).