L' Atlantide : exposé des hypothèses relatives à l'énigme de l'Atlantide : avec 23 figures et cartes

DE L'AGE DU BRONZE 207

publication d’un important travail de M. G. Lemée (1) qui, réétudiant selon les principes des méthodes modernes la région même dont je m'étais occupé avant 1914, a confirmé en les perfectionnant beaucoup mes anciennes observations. J'utilise aussi dans ce qui va suivre d’autres travaux récents.

DATATION DE LA FIN DE L'ANCIEN CLIMAT CONTINENTAL ET DES SUBMERSIONS ATLANTIDIENNES PAR LA FLORE XÉROTHERMIQUE RÉSIDUELLE DES TUMULUS NÉOLITHIQUES DE LA NORMANDIE

L'événement le plus important de l’histoire des temps post-glaciaires dans l’Europe du nord-ouest fut certainement le changement de climat qui, à partir d’une certaine époque, eut pour conséquence l’envahissement par la forêt des pelouses graminéennes steppiques sur lesquelles l'homme était établi et sur lesquelles il obtenait les premières moissons. Il se peut que le souvenir de cet événement, chez des peuples ensuite émigrés dans l’Europe méditerranéenne, soit l’origine des légendes relatives à la fin de l’âge d'or. L'homme est, en effet, un être de la steppe. A l'époque où l'homme vivait principalement du ramassage initial des aliments produits sans culture (2), la steppe le nourrissait bien plus abondamment que ne le fit ensuite la forêt. Mais l’homme reste un être de la steppe alors même quil connaît la culture du sol. Une moisson de céréales n’est, en effet, qu’une steppe graminéenne artificielle. Je dois me contenter de rappeler ici, sans pouvoir insister, que, le climat humide actuel défavorisant absolument dans la concurrence vitale les espèces caractéristiques des anciennes pelouses xérothermiques, ces espèces sont devenues incapables de conquérir aucun point nouveau du sol depuis la fin du climat qui les favorisait. Ces espèces sont, de plus, tout à fait incapables de survivre à un épisode, même éphémère, d’envahissement forestier. C’est pourquoi la présence de ces espèces sert aux botanistes à reconnaitre les friches primitives (ou surfaces qui n’ont jamais été

1. G. LemÉE : Etudes phytogéographiques sur les plaines jurassiques normandes. (Bulletin de la Société Botanique de France, t. 79, 1932, pp. 638-650.)

2. Voir mon édition française de l'Histoire de l'alimentation végétale, de A. Maur1z10, Payot, Paris, 1932, in-8, 657 pp.