L' Atlantide : exposé des hypothèses relatives à l'énigme de l'Atlantide : avec 23 figures et cartes

212 LES SUBMERSIONS IRLANDO-ARMORICAINES

qu’un passage du Timée place l’île disparue « en face des Colonnes d’'Hercule », c’est-à-dire assez bas vers le sud et directement à l’ouest de l’Europe, par rapport à la Grèce. Mais j'ai fait remarquer déjà, que les plus anciens géographes confondaient l’ouest et le nord-ouest de l'Europe, à tel point qu’ils orientaient les Pyrénées, non de l’est à l’ouest, mais du sud au nord, direction que leur attribue encore Strabon par une fidélité singulière à de très anciennes sources (1). L'ensemble des textes anciens est lui-même si peu décisif en faveur des théories qui placent l’Atlantide « au midi» qu'à une époque où n’intervenaient dans la discussion ni la botanique ni la géologie, mais seulement la lecture des textes, Olaus Rudbeck (comme le rapporte Bayle) « prouva par cent deux raisons, de compte fait, que l’Atlantide était au nord » (2).

LES « BÉLIERS DE MER » D'ELIEN, CONNUS DES ATLANTES, ÉTAIENT DES PHOQUES DU GROENLAND

Elien nous a transmis une légende qui prouve l'existence de certaines sources septentrionales du folklore de l’Atlantide. Elien parle d'animaux qu’il nomme « béliers de mer » (thalattioi krioi) et dit que, selon les habitants des côtes de l’océan (ton okeanon oikountes), certains ornements naturels de la tête de ces béliers servaient autrefois de parure aux rois et aux reines des Atlantes.

Elien donne sur le comportement de ces animaux des détails qui montrent qu’il s'agissait de très grands phoques, certainement étrangers à la Méditerranée, bien qu'Elien dise qu'ils venaient hiverner en Corse. Mais, cela même prouve qu’'Elien les considérait comme ayant pour patrie véritable des contrées froides. Gottlob Schneider, qui a très bien vu qu’il s'agissait de phoques (3), s’est aperçu aussi que l’animal décrit par Elien est un être composite, le mâle (selon Elien) étant le phoque à capuchon (Cystophora cris-

1. Stations résiduelles, p. 165 et 180, Conditions d'habitabilité, P' 298:

2, Bavz : Nouvelles de la République des Lettres, janvier 1655, art. VII, p. 208, tome I de l'édition de La Haye de 1727.

3. ELIrEN : Histoire des Animaux, livre XV, ch. 2, p. 471 et 585 (addenda), partie latine, p. 193 de l'édition de Gottlob Schneider (Leipzig, 1784).