L' Atlantide : exposé des hypothèses relatives à l'énigme de l'Atlantide : avec 23 figures et cartes

HISTOIRE DES HYPOTHÈSES RELATIVES A L'ATLANTIDE 27

parce que toujours on verrait une conception en remplacer une autre, une conception plus ancienne être reprise avec d’autres arguments, et qu’ainsi le tableau d'ensemble finirait toujours par être confus. Mettre de l’ordre dans cette confusion, mais sans dissimuler cette confusion, telle est l’ingrate tâche à laquelle nous devons nous attacher.

L'idée que l’Atlantide doit être cherchée dans la Palestine des temps bibliques constitue une des directions particulières dans lesquelles s’est développée la question atlantidienne. D’après un renseignement dû à Spence, Serranus, traducteur de Platon (1578), aurait trouvé dans les livres de Moïse le « Sésame ouvre-toil » propre à soulever la pierre qui fermait l’entrée du labyrinthe atlantidien. (Argumentatio Critiae : « ex mosaïcae historiae regula haec narratio omnis expenda est»). D'après Sailingré (Mémoires de littérature et d'histoire, Paris 1726), Olivier de Marseille aurait été aussi un représentant de la théorie palestinienne. Le révérend Johannes Eurenius, Suédois d’Angermanie, publia en 1754 à Streugnae un ouvrage Atlantica orientalis pour combattre l'opinion de son compatriote Rudbeck et prétendit prouver, comme les auteurs précédents, que le mot « Atlantis » n’était qu’une dénomination fallacieuse de la Palestine biblique. Le livre d'Eurenius parut traduit en allemand, à Berlin, dix ans après sa publication en Suède, mais, dans l'intervalle, F.C. Bär s'était rallié au même point de vue dans son Essai sur les Atlantiques publié à Paris en 1762 et qui parut aussi en traduction allemande en 1777. Dans cet ouvrage il montre les analogies existant entre l’histoire des Atlantes et celle des Hébreux. Bär reprend l'idée de Serranus et pense que « tous les noms propres cités par Platon dans la description de l’Atlandide ne sont pas autre chose que la traduction littérale du sens qu’avaient ces noms