L' Atlantide : exposé des hypothèses relatives à l'énigme de l'Atlantide : avec 23 figures et cartes

36 LA POLÉMIQUE ATLANTIDIENNE MODERNE

« l'arbre à fruit » (la banane) et des condiments agréables (le poivre), qu’il s’y trouvait des éléphants, que ce pays produisait du cuivre (comme ce fut le cas jusqu’à une époque récente en arrière des monts Joruba), que les indigènes y portaient des vêtements d’un bleu foncé (indigotier) et qu’ils avaient une architecture un peu spéciale (toits en selle faits de feuilles de palmier). Je considère donc comme ayant été l’Atlantide le pays Joruba, terre tropicale féconde et extrêmement riche, coupée le long de ses côtes et sur les rives du Niger d’une infinité de lagunes et de canaux, et dont le récit de Platon caractérise assez bien les particularités. Je le considère comme ayant été le pays des descendants de Poseidon, que les Jorubes nomment Olokun, le domaine d’un peuple dont Solon disait «qu'ils avaient étendu aussi leur domination jusqu’à l'Egypte et à la mer Tyrrhénienne. » Nous avons retrouvé la nation maritime et guerrière du x siècle avant notre ère. Nous avons retrouvé cet intermédiaire des contacts de la civilisation de l'Orient et de celle de l'Occident, agent du conflit dans lequel la culture de l'Orient triompha en acquérant ses premières connaissances sur les terres magiquement belles des tropiques, qui sont situées « loin en dehors des colonnes d’'Hercule. »

C’est dans sa Théogonie atlantique (Iena 1926) que Frobenius a condensé sous sa forme la plus claire son hypothèse atlantidienne. Il expose qu’il faut considérer le récit de Platon comme un ensemble de souvenirs relatifs à une période préhellénique de la civilisation. Au cours de cette période, on avait, par voie de colonisation, porté sur les côtes de l'Océan Atlantique, par conséquent en dehors du domaine méditerranéen, une culture préhellénique typique, avec l’art de la navigation. Cette Atlantide doit être la dernière image restée vivante d’une civilisation qui, avant l’époque grecque, devait s'être