L'atomisme d'Épicure

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pas naître, sil ny avait pas de matière infinie. Car dans ce cas les atomes en nombre limité, capables de créer cef objet, ne pourraient jamais s'unir et se développer. Puisque c’est un fait incontestable que les corps se forment et s'acCroissent, il est évident que chaque espèce est entretenue par un nombre infini d'atomes. Comme le nombre de formes des atomes est limité, il faut ou que les atomes semblables soient infinis en nombre, ou que la somme de la matière soit limitée. Comme celte dernière alternative est fausse, la première doit être vraie d’une manière nécessaire (1).

C'est parce qu'il y a des atomes en nombre infini, que les corps ne peuvent ni rester dans une dissolution continuelle, ni durer éternellement. Car de toute éternité les mouvements destructeurs font la guerre ayec les mouvements créateurs avec des succès égaux (2). Donc les combinaisons et les dissolutions des atomes sont également perpétuelles. Les agrégats sont périssables, mais les atomes infinis sont éternels.

Mais pour cela même que le nombre des atomes est infini, tourne Epicure son argumentation, ils ne peuvent tous avoir Ja même forme. Parce qu'ils sont les produits de la nature, et non créés par l'homme dans un moule commun, les atomes doivent avoir des formes différentes. Les atomes de formes variées créent les agrégats dont chacun diffère de tous les autres. Dans la nature on ne peut pas trouver les deux indiscernables, raisonne Epicure bien des siècles avant Leibniz. Les individus d’une même espèce sont différents, car les mères et les enfants se reconnaissent réciproquement. Entre les grains d'un même froment, aussi bien qu'entre les coquillages, il y a toujours quelque différence de forme (3).

I] n'est aucun corps qui soit formé d'une seule espèce d'atomes : chacun est composé d'un mélange d'éléments divêrs. Plus un comps a de propriétés, plus il contient d'atomes

(1) Cf. De R. N: I, 522-568 ; 1077-1089. (2) Ibid. I, 569-580: (5) Ibid. I, 353-580.